Dans les oreilles : Noah Gundersen

Premiers pas en groupe et envolée solo 

Noah Gundersen, chanteur et compositeur indie-folk américain, commence le piano à l’âge de 13 ans avant de se mettre à la guitare peu de temps après avoir hérité de la vieille guitare de son père, à qui il emprunte aussi son vieil équipement de musique pour composer ses premières chansons. Noah commence alors à se produire, dès l’âge de seize ans, dans des cafés de sa ville et forme un premier duo avec sa sœur Abby, elle aussi musicienne aguerrie. Ses amis de lycée viendront compléter ce duo pour former le groupe The Courage avec lequel il sortira en 2008 un album live intitulé “Live at the Triple Door” sous le nom de Noah Gundersen and the Courage. Le groupe se produira également au Sisters Folk festival à deux reprises avant de sortir leur premier album studio “Fearless Bones” cette fois ci sous le nom de The Courage. Ce n’est pas la première expérience de Noah en groupe, puisqu’il avait aussi formé en 2007 le groupe Beneath Oceans avec ses amis Michael Porter à la guitare et Keelan O’Hara à la batterie, groupe qui se séparera en 2008 juste après avoir achevé un premier EP qu’ils ne sortiront finalement jamais. 

En parallèle, Gundersen n’en n’oublie pas sa carrière solo, puisqu’il sort en 2008 son premier EP solo “Brand New World” auquel sa soeur Abby participera amplement en y posant des voix et des instruments. S’en suivront deux nouveaux EP en solo : “Saints and Liars” sorti en 2009 et “Family” sorti en 2011. Fort de ces deux premiers EP solo, il sortira en 2014 un premier album solo intitulé “Ledges”, puis en 2015, un second LP intitulé “Carry the Ghost”. 

Après un bref retour à ses racines avec son groupe de lycée Beneath Oceans, renommé Young in the City, avec qui il publiera deux EP, Gundersen publie son troisième LP “White Noise” en 2017, suivi de deux nouveaux LP : “Lover”, sorti en 2019 et “A pillar of Salt”, sorti en 2021. 

Paroles et acoustique …

Entre ballade Americana et des influences plus électroniques insufflées à ses derniers albums, Noah Gundersen explore les genres au cours de ses projets.  Souvent reconnu pour son esthétique folk acoustique, il s’essaie à d’autres sonorités jouant avec les codes et allant jusqu’à s’approprier, par moment, un genre presque robotique. 

Par ailleurs, Gundersen n’en perd jamais sa marque de fabrique : ses textes ! Parfois qualifié de “meilleur parolier de sa génération” par la critique, il n’hésite pas à aborder tous les sujets qui l’ont façonné au cours de sa vie : religion, amour, et même politique … Noah tente de retranscrire les événements de sa vie et ses questionnements plus existentiels avec une honnêteté déconcertante. Il s’appuie d’abord sur le soutien de sa sœur qui l’aide à prendre confiance lors de son premier EP au travers d’harmonies parfaitement maîtrisées, avant de s’affirmer davantage en tant qu’artiste au son de ses guitares et pianos acoustiques. 

Saints and liars

Deuxième EP de l’artiste, “Saints and liars” constitue le premier réel projet solo de l’artiste, il sort en octobre 2009, bien que la plupart des chansons présentes sur l’EP aient déjà été publiées sur Myspace quelques semaines plus tôt. 

Certains noteront pour ce deuxième EP, une véritable réflexion philosophique voire existentielle sur le rapport de l’artiste à la religion, sujet au cœur du projet puisque Noah Gundersen grandit dans une famille très religieuse, il questionne ses propres valeurs et croyances dans cet opus.

On retrouve notamment dans ce projet, les fondamentaux de Gundersen, à savoir des textes travaillés au cœur d’un univers acoustique, le tout perfectionné au mix par Daniel Mendez.

Family

Gundersen prend véritablement ses marques dans ce troisième EP sorti en 2011 qu’il enregistre en moins d’une semaine. Noah fera participer une nouvelle fois sa sœur Abby qui vient ajouter une touche plus douce à l’EP à travers des violons envoûtants et des harmonies délicates. Le projet sera alors salué par la critique qui estime que celui-ci défie les genres à travers diverses influences comme Ryan Adams, Fleet Foxes, Tom Waits ou encore Neil Young. Comme son titre l’indique, l’EP est conçu comme un véritable hommage à la famille de Gundersen et à toutes les personnes ayant “façonné sa vie”. Enfin, certains titres connaîtront même un succès plus large, comme la chanson éponyme “Family” qui se retrouvera même dans un épisode de la série à succès “The Vampire Diaries”. 

Ledges

Auto-produit en 2014 et enregistré dans sa ville natale de Seattle, ce premier album aux multiples influences se distingue par ses notes grunge sans pour autant tomber dans les clichés du genre rétro-folk auquel il appartient. Gundersen ne déroge pas à ses racines et s’illustre une nouvelle fois dans un folk acoustique, ponctué d’arpèges, où l’on retrouve la poésie et la sentimentalité qui lui sont propres. L’ambiance intimiste assumée par Noah, qui décide d’opter pour la version autoproduite du projet, sublime son œuvre. L’artiste oscille entre douceur et amertume dans des textes toujours aussi justes, et confirme son statut d’enfant prodige dans un album à l’allure cathartique. 

Carry the Ghost

Pour ce nouvel LP, Noah tire son inspiration de son expérience dans le milieu de la musique et parle de son rapport au succès, de ses déboires amoureux ou encore de religion. Il assumera pleinement l’influence de Neil Young et de son album “Tonight’s the night” et indique être inspiré par le côté brut de cet album, “comme si tout allait s’écrouler”. Pour cet LP, Noah fait le choix de tout composer uniquement à la guitare ou piano en acoustique et d’y ajouter l’instrumentation en studio par la suite. Comme à son habitude, ce nouvel opus relève d’un travail collaboratif pour l’artiste qui cette fois-ci inclura même certains de ses musiciens de tournée dans le processus d’enregistrement. 

White Noise

C’est avec cet EP sorti en 2017 que Noah signe son départ du genre folk acoustique qui lui collait à la peau et s’oriente dans une direction beaucoup plus rock. Gundersen désoriente la critique avec un opus qui dénote avec tous ses projets précédents, entre références et hommages à peine déguisés, et réflexions existentielles, partie intégrante de son essence, l’artiste se réinvente et use de tous les ingrédients qui lui tiennent à coeur : harmonies, falsettos, et toujours des textes aiguisés pour créer un nouvel univers ! 

Lover

“Lover”, sorti en 2019, confirme la fracture entre le style originel de Noah Gundersen et ses nouvelles influences, il n’hésite pas dorénavant à venir piocher dans un répertoire plus commercial et s’inspire d’artistes tels que Maroon 5 ou encore Harry Styles. À travers des thèmes parfois bien plus sombres comme la mort et le deuil, comme en atteste son titre “Robin Williams”, hommage à l’artiste décédé quelques années plutôt, il nous confie sa peur de l’inévitable et ses réflexions sur la santé mentale. L’artiste semble prendre plus de libertés sur cet LP et s’expérimente avec des outils plus électroniques aux sonorités parfois presque psychédéliques ou un autotune plus poussé qui lui permettent une nouvelle fois de transgresser les genres. 

A Pillar of Salt

Dernier album en date de l’artiste, “A pillar of Salt”, publié en 2021, aborde des sujets modernes et revient sur des thèmes chers à Gundersen comme l’anxiété et la spiritualité. Il est considéré par certains comme son album le plus abouti et inclut de nombreuses collaborations, on y retrouvera par exemple Andy Park à la production, Dave Dalton au piano ou encore Phoebe Bridgers qui prêtera sa voix sur cet album. Noah continue de se défaire de l’image folk acoustique adoptée au début de sa carrière en venant ajouter à ses productions des cordes ou des percussions électroniques auxquelles il viendra superposer synthés et guitares électriques. 

Un mot sur la production

Noah Gundersen aime les belles chansons, il est également un amoureux du son. White Noise est une véritable pépite selon nous. Cet album en particulier nous offre une véritable expérience d’écoute immersive. Le travail d’arrangement et de réalisation sur l’album entier crée une certaine 3D très satisfaisante. Par exemple, certains violons et guitares sont utilisés en tant que pistes d’ambiances apportant une réelle profondeur aux morceaux. On entend également des delays qui trainent à droite à gauche sur certaines transitions de sections, un effet créatif parfois subtil, parfois très présent. 

Certains synthétiseurs analogiques font leur apparition sur certains titres, apportant un grain presque sale et imparfait. Un contraste parfaitement maîtrisé face aux caractéristiques sonores plus pures d’instruments comme la guitare acoustique ou le piano droit.

Les ambiances de voix sont très intéressantes grâce à l’utilisation de plusieurs types de réverbes selon les couplets, bridges et refrain. On notera aussi le travail fait sur les batteries car l’on sent qu’une attention particulière a été portée sur les textures sonores percussives. On entend des batteries modernes très compressées typiques du rock sur certains titres quand on distingue parfois des boucles rythmiques salies par la bande analogique, une direction artistique marquée qui renforce l’idée d’intimité que l’on ressent très souvent dans les oeuvres de l’artiste.

Merci Andy Park d’avoir participé à la réalisation de ce disque avec Noah :)

 

Écrit par Elodie Robert le 28/07/2022.

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