Dans les coulisses : Cyrène


Comment les idées te sont-elles venues pour ton EP ? 

Quand j’écoute de la musique, ça me crée une inspiration, un mood, surtout sur des morceaux instrumentaux, qui vont m’inspirer. Je vais me mettre à chanter par-dessus, n’importe quoi, une mélodie, puis je me dis que je pourrais aborder ce thème-là, et à partir de là, j’ai une base. 

Soit je viens juste avec un texte, ça pouvait se passer comme ça avec Nathan et on fait tout ce qu’il y a autour ensemble, soit de mon côté je viens avec un guitare voix et après on fait les arrangements. En général les inspirations me viennent en général de thèmes de (ma) vie. 

Comment as-tu appréhendé l’écriture ?

L’écriture me vient assez facilement. Du moins c’est par phases que je vais écrire naturellement. D’un coup je vais avoir beaucoup d’idées, d’ailleurs ça me vient souvent quand je fais la sieste (rire), j’ai besoin de me poser. L'écriture, ça ne me bloque pas. La mélodie peut aussi venir assez facilement. Après tout ce qui est autour beaucoup moins, c’est pour ça que j’ai besoin de Nathan. 

Qu’est-ce que tu es venue chercher chez Nathan ? 

Je suis venue avec des idées et j’avais besoin de les concrétiser avec quelque chose de solide. Ce que j’avais au départ, c’était une esquisse et j’avais besoin de transformer tout ça en dessin terminé et je ne pensais pas avoir les outils et les compétences pour achever ce dessin-là. 

Quels sont les thèmes que tu abordes dans ton EP ?

Les cinq titres de mon EP, ce sont cinq éléments clés de ma vie, qui m’ont forgé, moi, en tant que personne. 

Le premier titre « Au début » parle du fait de dire non. C’était une grande question pour moi, j’avais beaucoup de mal à dire non, et ça a été une phase très importante de ma vie. Jusqu’où jour où j’ai effectivement appris à le dire, c’est encore un peu dur aujourd’hui mais disons que ça s’est amélioré. 

« La créature » parle de ce que les gens peuvent penser de toi, dire de toi, comment ça peut t’affecter. En somme, le regard des autres. C’est aussi essentiel pour moi, ces regards m’influencent beaucoup dans la vie de tous les jours. 

Ensuite, « Et après » reflète cette question du temps qui passe et qui me crée des angoisses. J’essaye de surmonter ça, mais cela reste dur, c’est pour ça que je n’arrive pas à me projeter dans l’avenir, surtout sur le long ou très long terme. 

Le quatrième titre, « Rêverie » serait plus une pause onirique dans l’EP. Ce morceau est aussi très important pour moi, parce qu’il parle d’une première fois, un élément très marquant dans ma vie. J’en parle comme une rêverie, parfois tu vis des choses, mais tu les occultes donc tu ne sais plus vraiment si elles font partie du rêve ou de la réalité.       

Le dernier titre, « Nue », raconte une histoire avec un homme. Je me suis largement inspirée de ma rencontre avec mon mari et avec qui je suis depuis plus de 12ans, donc une rencontre très importante aussi. 

Ce sont tous des thèmes marquants, qui m’ont suivi jusque maintenant. Ils sont tous significatifs car ils ont façonné la personne que je suis aujourd’hui. 

J’imagine qu’il te serait difficile de choisir un titre parmi tous qui te représenterait le plus ? 

Ce serait un peu tous, oui. Tous ensemble, ils forment un tout, ils ont vraiment une continuité, c’est pour ça d’ailleurs qu’ils ont un ordre spécifique et qu’en live, je raconte une histoire autour, ils sont vraiment imbriqués les uns aux autres. Après si je devais vraiment en choisir un :  «La créature», qui parle d’une identité, de qui on est. 

Musicalement, est-ce que tu aurais une inspiration en particulier ? 

Je déteste cette question ! (rire) J’écoute énormément de choses différentes. J’ai des artistes que j’ai beaucoup écouté et qui, mine de rien, m’ont beaucoup inspiré comme The Dø, mais j’ai du mal à me dire que « quelque chose » en particulier m’a inspiré. 

Je peux autant écouter un morceau de musique classique et me dire : « je suis dans cette émotion donc je vais écrire avec cette émotion », qu’un morceau de type jazz, j’ai beaucoup écouté les reprises instrumentales que fait Thomas Naïm de Jimmy Hendrix. J’ai écrit un morceau après avoir chanté sur un de ces titres en voiture. 

Je peux aussi parlé de « Nue », je ne suis arrivée qu’avec des paroles chez Nathan. J’ai dit qu’il y avait un morceau que j’aimais beaucoup : « Natacha » d’Anna Majidson. On a beaucoup aimé, on est parti de ça mais finalement on s’est pas mal écarté par la suite. Mes inspirations varient énormément en fonction de mes humeurs. Je n’ai pas d’idoles précises, à part peut-être the do, je m’y retrouve vraiment musicalement mais au milieu d’autres. 

Est-ce qu’il y a un artiste que tu aimerais faire découvrir aux lecteurs ?

Je pense que ce serait vraiment The Dø. Je les trouve très inspirants, j’ai adoré le mix sur leur dernier album entre le côté un peu électro et l’aspect très live avec toujours une guitare, une batterie. D’ailleurs, on m’a offert une platine vinyle, le seul disque que j’ai pour l’instant, c’est eux. Après, la chanteuse a sorti un album en solo, j’aime moins, un peu trop électro pour moi.

Est-ce qu’avec du recul, tu aurais fait quelque chose différemment pour cet EP ?

Je ne pense pas pour ce premier EP. J’ai réussi à tout faire de la manière dont je le voulais. Mais pour un prochain EP, je compte faire une base plus complète pour essayer de construire quelque chose de plus abouti de mon côté. J’aurai toujours besoin d’un réalisateur artistique, il y a des choses que je ne sais pas faire. Mais je voudrais pousser plus loin le processus de création musicale, quitte à ce que le réalisateur artistique me dise que ça ne marche pas. 

Pour l’instant, je suis contente, mon EP est cohérent dans son entièreté, j’ai réussi à faire ce que je voulais faire. 

Pourrais-tu partager une anecdote, un moment fort que tu as vécu lors de la réalisation de ton EP ?

C’est dur à trouver. Tous les instants de la réalisation ont été tellement intenses et forts. Du début à la fin, tous les moments qu’on a passé avec Nathan, j’ai trouvé tout ça extraordinaire. C’est pour ça aussi que, quand la réalisation s’est terminée, j’ai un moment de vide un peu dur à gérer créativement parlant. La création était une phase dans laquelle je me retrouvais énormément et qui tout à coup se terminait. La phase que je vis en ce moment, préparer la sortie de l’EP, me rend moins à l’aise. 

Toute la phase de création, où tu arrives avec ta petite maquette, que tu rajoutes des choses, que tu prends telle direction, tout ça, c’est très excitant. Avant chaque session, je me souviens d’à quel point j’étais pleine d’impatience. On a vraiment pris le temps de faire chaque morceau, j’ai eu l’impression d’un travail abouti et réfléchi. 

Un moment fort aussi a été le dernier enregistrement de voix, juste avant que tout parte au mix. Ça y est, tout est enregistré, tout ce sur quoi on a travaillé dur, c’était dans un ordinateur, prêt à être mixé. C’était un flot d’émotions, de frustration, de peur, d’excitation, de doute. Est-ce que j’ai fait ce que je voulais ? Est-ce que je l’ai bien fait ? C’était très fort. 

Et maintenant, quels sont les prochaines étapes ?

Je suis en train de préparer un clip pour le titre « Rêverie ». Avec mon frère nous avons tourné une première fois, mais ça n’allait pas. En le faisant je ne le sentais pas, mon frère a acquiescé quand il a regardé les images. « Rêverie » est un morceau très doux et imagé. Ce qu’on a fait c’est tout aussi imagé. Il y avait trop de rappel du texte avec les images, c’était trop lourd, presque kitch. On va le refaire avec quelque chose de plus simple, plus contemplatif. À force de faire quelque chose de trop compliqué, tu tues ce que tu veux dire. 

La sortie de l’EP est prévue fin septembre / début octobre. Je prospecte des salles pour jouer en live.

Idéalement, j’aimerais beaucoup me lancer sur un autre projet d’écriture. Cet EP n’est pas une fin en soi, mais un tremplin pour la suite. C’est le premier, celui qui m’a mis en confiance, permis de tester des trucs et me permettra de créer quelque chose de plus abouti derrière. Je compte aller beaucoup plus loin dans l’univers que j’ai commencé à créer. Pour moi ce n’est pas encore fini.


Écrit le 25/07/2022 par Hélène Gauchon.

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