Dans les oreilles : City and Colour

Du post-hardcore à la folk acoustique 

Derrière City and Colour ne se cache qu’une seule personne : Dallas Green. Ce dernier a monté ce projet musical en parallèle du groupe post-hardcore canadien Alexisonfire dont il est le guitariste. Depuis longtemps, Dallas Green écrit et compose, il diffuse en 2004 quelques morceaux personnels anciens, en peu de temps ceux-ci rencontrent leur public, ce qui réussit à le convaincre de continuer sur cette voie. En quelques mois se dessine son premier album : Sometimes qui paraît en 2005. C’est la première fois que le canadien publie un album solo et non plus caché derrière un nom de groupe, ce qui lui est difficile. Un pseudonyme lui vient alors en tête : City and Colour, tiré de son propre nom : Dallas, qui est une ville et Green, la couleur verte. 

Acoustique et sensibilité

La source de son écriture se situe dans son expérience de vie, et plus principalement sa morosité. Dallas Green fait de sa musique un moyen curatif, ce qui le conduit à livrer des paroles tristes et profondes auxquelles les auditeurs peuvent s’identifier. C’est une œuvre au cœur de l’intime qui se mêle à l’universel, passant par une mélodie exclusivement acoustique. Ses morceaux n’ont plus rien à voir avec ce qu’il pouvait jouer avec Alexisonfire. C’est un musicien qui se dévoile ici avec une douceur surprenante et enivrante. La loyauté dont fait preuve Dallas Green pour l’acoustique accroît cette sensibilité. Son premier album, Sometimes, ne laisse entendre quasiment qu’une guitare acoustique et une voix, mais au fur et à mesure des albums, de nouveaux instruments viennent trouver leur place, tout en conservant toute la sensibilité de l’artiste. 

Sometimes

C’est en 2005 que Dallas Green sort son premier album sous le nom de City and Colour, compilation de morceaux restés oubliés dans de vieux tiroirs. C’est un album que certains décrivent comme « dynamiquement doux et vulnérable », notamment rendu par l’acoustique et la présence faussement simple d’une guitare sèche et d’une voix. Par le biais d’une légère reverb, l’artiste se livre entier et se met à nu, s’exprime de temps en temps par un chant aigu ou une partition lyrique, que l’on retrouve dans « Off by Heart », et laisse paraître sa fragilité, ses peines et sa nostalgie. Le rythme est doux, le frottement des cordes de guitare nous berce, tantôt accompagné par un violoncelle ou un piano discret, sublimant une œuvre sobre et touchante. 

Little Hell

Little Hell est le troisième album que fait paraître City and Colour en 2011. Six ans ont passé depuis la sortie de Sometimes et Dallas Green n’est pas à bout d’inspiration. Le premier morceau, « We found each other » détonne d’entrée avec une pédale steel mélancolique ou encore « Little Hell » qui entremêle voix superposées et arpèges. Là où on ne trouvait que peu d’instruments dans Sometimes, devient ici mélange convaincant de piano, violon et batterie sans pour autant briser l’aspect authentique avec lequel Dallas Green se livre à la guitare et au chant, sublimant les émotions. Cet album folk aura su se faire accepter comme l’un des plus marquants et inspirants de son temps. 

If I should go before you

If I should go before you, paru en 2015, est un album tout aussi inspirant que les deux précédents. Le premier titre, Woman, nous envoûte instantanément dans un monde presque onirique avec des guitares d’ambiance ( ?). Il se déploie une ambiance puissante dans laquelle se fonde une batterie puis une voix toujours aussi touchante. Ce ne sont que les prémisses de tout un album qui sonne beaucoup plus qu’au tout début de City and Colour, mais qui réussit pourtant le tour de force de rester fidèle à l’image d’un homme vulnérable. L’album a en effet su convaincre le public avec plusieurs nominations pour le prix Juno et notamment pour l’artiste de l’année. 

Un mot sur la production

Les derniers albums de City and Colour sont très cohérents au niveau de la production puisque l’on y retrouve des choix artistiques et sonores distincts à savoir des éléments plutôt lointains dans le mix (Dallas adore les reverbs). Une proposition toujours intéressante, apportant une sensation de profondeur à l’écoute. On note quand même que la guitare acoustique reste présente sur chaque album mais qu’elle prend un rôle secondaire sur les derniers travaux de Dallas. 

Une note sur l’attention particulière faite aux guitares électriques. Celles-ci sont très travaillées et on découvre souvent des panoramiques détaillées sur certains couplets ou refrains grâce à des configurations matérielles différentes. On sent que chaque section de morceau a été pensée dans le détail puisque l’on entend souvent plusieurs types de guitares, pédales et amplis à travers les albums. 

Deux guitares électriques (une à gauche et une à droite) composent généralement les morceaux sans jamais se contredire, l’une jouant la rythmique et l’autre jouant des leads. Grâce à des textures sonores éloignées, on distingue toujours l’émotion et la performance des musiciens. Ces guitares sont d’ailleurs très présentes dans les albums du canadien.

Mention spéciale pour les effets de fuzz utilisés par Dallas qui rendent certains passages mélodiques hyper tranchants. On adore :)

 

Écrit par Hélène Gauchon le 07/07/2022;

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